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ENTRETIEN. Sarah pratique la solidarité en partageant son savoir.
Par Anouche Parsegian. Sarah est une jeune bénévole de 22 ans qui, chaque semaine depuis maintenant quelques mois, va donner des cours à des enfants roms de Grenoble. Cette initiative a pris forme l’année dernière de façon assez spontanée. Portrait d’une jeune femme engagée dans la solidarité.
C’est Mme… – déjà militante dans le secteur associatif auprès des Roms – qui a contacté des étudiants de son entourage pour que ceux-ci viennent donner des cours et socialiser les enfants de ces communautés. Le mouvement a alors pris forme en s’appuyant sur une association humanitaire de Sciences Po Grenoble déjà existante. Rassemblant quelques étudiants sensibles au projet et motivés, le collectif « Ecole ici et maintenant » est ainsi né en octobre 2013.
Selon les semaines, entre dix et vingt étudiants de l’IEP et de l’INP se rendent aux camps d’Echirolles et de Jules Valès pendant quelques heures. Ils y retrouvent entre 20 et 25 enfants. Au cours de ces rendez-vous, de petits groupes se détachent, certains s’occupent du dessin avec les plus petits, d’autres vont apprendre l’alphabet, la lecture et le calcul aux plus grands. « Les enfants sont toujours contents de nous voir, surtout les plus petits » explique Sarah. Pourtant, sur la cinquantaine d’enfants, ceux-ci viennent de façon alternative. Dans les faits, la jeune bénévole explique qu’ils sont à chaque fois entre 20 et 25. « Seule une dizaine d’enfants parle français, les parents ne prennent pas toujours la peine de les emmener à l’école. Des problèmes techniques et linguistiques se posent : les parents n’ont pas de moyen de locomotion et ils ne parlent souvent pas français ».
La culture rom reste très présente au sein de la communauté. La relation entre les enfants et les étudiants s’instaure facilement selon Sarah, même si la barrière de la langue se fait parfois sentir, ce qui rend parfois difficile de les garder concentrés.
« Les parents aussi sont contents de nous voir, ils nous font confiance». Cependant, Sarah ne peut s’empêcher de souligner qu’une inquiétude les taraude. Les parents retirent souvent leurs filles de l’école par manque d’argent. Les étudiants bénévoles restent donc vigilants.
Sarah se dit toujours aussi motivée qu’au début. « On est satisfait quand les enfants comprennent quelque chose et qu’ils sont contents, surtout que leurs conditions de vie sont vraiment précaires. Une fois, un des bénévoles avait donné un cahier d’écriture à un enfant qu’il suivait, il lui avait demandé de remplir quelques lignes. La semaine suivante, le cahier entier était rempli. Ca fait plaisir de voir une telle motivation. On voit les progrès au niveau des cours, les enfants sont progressivement mieux intégrés. Nous rencontrer est déjà une avancée et cela leur apporte un contact différent avec l’école. Mais l’éducation des enfants dépend beaucoup de la volonté des parents». L’expulsion répétée de certaines familles rend également le suivi plus difficile.
Au niveau des actions entreprises par le groupe d’étudiants, une collecte de jeux et de fournitures avait été effectuée à Noël mais ça n’a eu lieu qu’
une fois. Le collectif n’est pas encore assez organisé. C’est pourquoi ses membres souhaiteraient qu’il devienne plus indépendant et qu’il se développe à partir de la rentrée prochaine, le but étant de s’organiser en association et de rassembler des dons pour pouvoir acquérir du matériel et mieux suivre les élèves.